NATURE MORTE
« Bougies avec les bougies, scintillances avec les scintillances,
lueurs avec les lueurs.
Et ici en dessous, ceci : un œil,
dépareillé et clos,
frangeant de cils le Tard qu’on voyait poindre
sans être le soir.
Devant, le Non-connu, dont tu es l’hôte ici :
le chardon sans lumière
dont l’Obscur fait cadeau aux siens,
depuis le Lointain,
pour demeurer inoublié.
Et puis encore, ceci, porté disparu dans le Sourd :
la bouche,
pétrifiée et les crocs refermés sur des pierres,
hélée par la mer
qui toutes les années roule vers le haut ses glaces. »
Paul Celan, Choix de poèmes
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