« L’oeuvre de Klossowski apporte à la littérature ce qui, depuis Lautréamont et peut-être depuis toujours, lui manque : je le nommerai l’hilarité du sérieux, un humour qui va beaucoup plus loin que les promesses de ce mot, une force qui n’est pas seulement parodique ou de dérision, mais qui appelle l’éclat du rire et désigne dans le rire le but ou le sens ultime d’une théologie (…) Comment ne pas s’étonner qu’il ait pu y avoir jamais, en quelque auteur, par je ne sais quelle coïncidence privilégiée, tant d’innocence et tant de perversion, tant de sévérité et d’inconvenance, une imagination si ingénue et un esprit si savant, pour donner lieu à ce mélange d’austérité érotique et de débauche théologique, d’où naît un mouvement souverain de risée et de légèreté ? Rire qui est sans tristesse et sans sarcasme, qui ne demande nulle participation pédante ou méchante, mais au contraire l’abandon des limites personnelles, parce qu’il vient de loin et, nous traversant, nous disperse au loin (rire où le vide d’un espace retentit de l’illimité du vide). »
Maurice Blanchot, « le rire des Dieux » in l’Amitié
La Monnaie vivante, Pierre Zucca.